Moody's rétrograde Thames Water au statut de « junk ».

L'agence de notation de crédit américaine Moody’s a drastiquement abaissé la note de crédit de Thames Water au statut de « junk », mettant ainsi davantage sous pression l'entreprise britannique de services publics déjà en difficulté. Cette baisse de notation résulte d’une « situation de liquidité plus faible » et de la possibilité de violations contractuelles concernant l'endettement de l'entreprise. Thames Water, qui fournit des services de distribution d’eau et d’assainissement à environ 16 millions de foyers, nécessite deux évaluations de crédit en catégorie d'investissement pour maintenir sa licence. Cependant, si l’autorité de régulation de l’eau, Ofwat, décidait de faire exception, l'entreprise pourrait être exemptée de cette exigence. Dès le début du mois, l'agence de notation S&P avait déjà laissé entendre qu'elle pourrait également abaisser la classe d'obligations la plus sûre du prestataire. L’entreprise a informé Ofwat de possibles dégradations supplémentaires en avril 2024 et travaille intensivement pour assurer sa stabilité financière à long terme. La dégradation récente pourrait entraîner une hausse des coûts de financement et même placer l'entreprise sous le régime spécial de gestion de l'État, une forme de renationalisation temporaire. Thames Water indique disposer de suffisamment de liquidités jusqu'en mai de l'année prochaine, mais nécessite 750 millions de livres sterling de capital supplémentaire d'ici là et 2,5 milliards de livres supplémentaires d'ici 2030. Les actionnaires, parmi lesquels les fonds de pension canadiens Omers et britanniques USS Universités, avaient déclaré en avril que l'entreprise n'était « pas investissable » et avaient retiré leur engagement d'investir 500 millions de livres supplémentaires. Le défi d’attirer de nouveaux investisseurs est compliqué par les hausses limitées des factures d'eau proposées par Ofwat. Moody’s a averti que, sans nouveaux capitaux propres, Thames Water pourrait franchir des seuils financiers nécessitant l'accord des obligataires pour contracter de nouveaux prêts. La stratégie de financement utilisée pour servir différents niveaux de dettes fait que les obligations de rang le plus élevé de Thames Water ont généralement des notes de catégorie investissement plus élevées que des obligations d’entreprises comparables. Cependant, la récente mesure de Moody’s abaisse maintenant les obligations « Classe A » de premier ordre juste en dessous de la catégorie d'investissement, tandis que les obligations « Classe B » de deuxième ordre plongent encore plus dans le territoire « junk ». Certaines obligations de premier ordre de Thames Water se négocient déjà en dessous de 70 pence par livre, indiquant des pertes considérables même pour les obligataires de rang le plus élevé, tandis que les obligations « Classe B » n'atteignent plus qu'un quart de leur valeur nominale. Outre les 16,5 milliards de livres de dettes de l’entreprise de services publics régulée, la société mère Kemble Water a également des montants dus, portant la dette totale du groupe à plus de 18 milliards de livres. Les obligations de Kemble Water – nommée d’après un village près de la source de la Tamise – sont déjà en défaut, avec des pertes quasi-totales pour les investisseurs. À la Chambre des communes britannique, Sir Keir Starmer a déclaré que le gouvernement rendrait les membres des conseils d'administration des entreprises d'eau défaillantes responsables de leurs actions. Le Premier ministre a souligné que les clients ne devaient pas payer pour la mauvaise gestion des entreprises d'eau et a annoncé des mesures plus strictes contre ces sociétés.