Netflix affiche une hausse impressionnante de son nombre d'abonnés pour un trimestre supplémentaire, avec l'ajout net de 9,3 millions de nouveaux abonnés payants au premier trimestre, ce qui est presque le double des 4,8 millions attendus par les analystes selon les estimations de consensus de Visible Alpha. Cela souligne l'efficacité continue des mesures prises contre le partage de mots de passe que Netflix a introduites l'an dernier. Depuis le lancement de cette initiative, Netflix a ajouté plus de 31 millions d'abonnés au cours des trois derniers trimestres – plus du double du nombre enregistré au cours des trois trimestres précédents.

Malgré une forte croissance des abonnés, le chiffre d'affaires de presque 9,4 milliards de dollars au trimestre atteint à peine les prévisions de Wall Street. En outre, Netflix a dévoilé sa première prévision annuelle de revenus, qui, avec une croissance attendue de 13 % à 15 % pour l'année, est conforme aux estimations des analystes. Dans une autre innovation, la société a annoncé qu'elle ne publiera plus de données sur les abonnés à partir de l'année prochaine.

Cette annonce n'a pas été bien reçue par les investisseurs et a entraîné une baisse de près de 5 % de l'action Netflix dans les échanges après bourse jeudi. « Nous supposons que la réduction des divulgations pourrait décevoir Wall Street », a remarqué Jason Bazinet de Citigroup après les résultats.

Netflix tente depuis quelque temps de persuader les investisseurs de se concentrer moins sur la croissance du nombre d'abonnés. Il s'agit d'un chiffre énormément imprévisible, même la société a eu des difficultés à le prévoir avec précision. Fin 2022, Netflix a annoncé qu'il ne fournirait plus de prévisions trimestrielles sur les abonnés, après que ces prévisions aient été inférieures aux attentes consensuelles de Wall Street chaque trimestre, à l'exception d'un, sur une période de trois ans, entraînant souvent de fortes fluctuations de son action.

L'accent est désormais mis sur la croissance des revenus, généralement plus stable et considérée par Netflix comme un meilleur indicateur de la performance d'une entreprise qui comprend maintenant plusieurs gammes de prix, des comptes de partage payants et de la publicité. Ce qui n'est pas dit explicitement, c'est qu'un service de streaming avec presque 270 millions de membres payants pourrait avoir du mal à trouver un nombre similaire de nouveaux spectateurs à l'avenir. Reste-t-il encore 100 millions de personnes qui ont jusqu'à présent évité "Stranger Things", "Bridgerton" et "Squid Game"?

Ce repositionnement stratégique confronte désormais Netflix à de nouveaux défis : soit augmenter les prix, soit attirer davantage d'abonnés vers son forfait publicitaire plus abordable mais potentiellement plus lucratif, lequel offre des revenus moyens par membre supérieurs à ceux de bon nombre de ses plans sans publicité. Le secteur de la publicité reste toutefois une branche relativement modeste de l'activité ; selon les analystes, la publicité ne représentera que 4 % du chiffre d'affaires total de Netflix cette année et 7 % l'année prochaine, d'après les prévisions actuelles de Visible Alpha.

Heureusement, l'entreprise maintient toujours une avance apparemment insurmontable sur ses grands concurrents dans le streaming de médias, que ce soit en termes d'abonnés, de bénéfices ou de flux de trésorerie. Netflix prévoit une marge opérationnelle de 25% pour cette année – une année où Disney s'attend à ce que son propre business de streaming devienne tout juste rentable.

Et il reçoit même un peu d'aide de ses concurrents, puisque ces rivaux médiatiques commencent à concéder sous licence certains de leurs contenus les plus populaires à Netflix afin d'obtenir de l'argent dont ils ont urgemment besoin. La célèbre série d'HBO "Sex and the City" a fait son apparition sur Netflix ce mois-ci, et le co-PDG Ted Sarandos a déclaré jeudi lors d'un appel téléphonique que "les vannes pour les licences s'ouvrent certainement un peu plus". Netflix restera encore longtemps l'acteur le plus populaire dans le domaine du streaming, même si la quantité de spectateurs devient moins évidente.